Historique et futur de la médiation animale.

Grandes lignes

L’historique de la mise à profit du lien homme-animal peut grandement différer dans la littérature selon la définition du soin animal etc.

Voici donc les grandes lignes, retrouvées à peu près dans tous les documents.

  • 9ème siècle → La première expérience de l’utilisation du lien homme-animal dans le domaine de la santé humaine s’est faite à Geel (Belgique) où on confiait des oiseaux à des patients en voie de guérison.
  • 1792 → Cette année là, à York Retreat (Angleterre), alors qu’on traversait une époque de traitement des malades mentaux d’une façon peu morale (très « psychiatrique »), Tuke démontre que le fait de s’occuper d’animaux de ferme intégrés dans l’établissement améliore la concentration et le sentiment de responsabilité de patients déficients intellectuels. De plus, ceux-ci sont des réels facilitateurs de la communication et des capacités sociales.
  • 20ème siècle → Nightingale est officiellement la première à utiliser les animaux dans le soin humain (améliorer la qualité de vie), elle souligne que l’utilisation des animaux est particulièrement positive pour les maladies chroniques.
  • 1919 → Au sein du Elizabeth’s Hospital (Washington, D.C), les animaux sont confiés aux patients hospitalisés en psychiatrie. Les bénéfices sont de suite remarquables cependant l’utilisation des animaux dans le soin humain sera bloqué par l’arrivée des psychotropes.
  • 1940 → C’est au Pawling Army Air Force Convalescent Hospital qu’on retrouve le premier document sur les thérapies assistées par l’animal (TAA) évoquant l’introduction de chiens pour remonter le moral des blessés de guerre et améliorer leur guérison.
  • 50’s → c’est avec Levinson que naît officiellement la thérapie assistée par l’animal sous le nom de Pet Facilitated Psychotherapy. Pour la petite histoire, Levinson constate par hasard qu’un enfant autiste, avec qui il n’arrive pas à entrer en relation, se met en revanche à communiquer avec son chien présent dans la pièce. Il reproduit alors l’expérience avec d’autres jeunes patients et constate les mêmes effets. C’est le premier à présenter ses recherches de façon scientifique au sein du congrès annuel de l’American Psychological Association à New York City en 1961. Malgré un manque de reconnaissance par ses collègues scientifiques, cela a marqué un tournant dans le développement des recherches sur l’utilité de la médiation animale et la façon d’introduire un animal dans un plan de traitement thérapeutique.
  • 1977 → cette année marque la création de la Delta Society par un vétérinaire et un psychiatre. L’ objectif principal est de valoriser la thérapie assistée par l’animal et de rendre son application et son évaluation plus objectives. Elle est encore active aujourd’hui sous le nom de Pet Partners. L’équivalent de cette association en France serait la fondation A&P Sommer (créée en 1971).

Qu’est-ce qui a bloqué et bloque le développement de ces soins animaliers ?

Le principal frein au développement de la médiation animale et de la TAA n’est bien évidemment pas les résultats de son utilisation qui sont positifs dans la majorité des cas mais bien le manque de validité scientifique. En effet, la majorité des bénéfices démontrés se basent sur des anecdotes ou des recherches non valides empiriquement. Ce manque de rigueur ne permet pas une réelle reconnaissance des bénéfices et donc une réelle évolution que ça soit dans les standards de leur pratique ou une mise en commun sur les points à appuyer pour que son utilisation soit plus automatisée. De plus, il a été mis en avant qu’une trop forte standardisation des recherches sur la médiation animale bloque certains effets thérapeutiques. La recherche doit donc se tourner vers un moyen d’étudier la médiation animale de façon rigoureuse et sans interférer avec la thérapie.

Comme vous avez pu le constater, cette pratique est de plus en plus connue par le grand publique et de plus en plus utilisée. Il y a pourtant 2 grands problèmes :

  • Les médias sont toujours en recherche d’audience et donc ne parlent souvent que de faits anecdotiques en les présentant comme des miracles. De plus, ils ont tendance à peu se renseigner sur la pratique et donc parle de TAA au lieu d’activité assistée par l’animal et inversement. Cela ne permet donc pas de donner de réelles informations à la population générale et donc des patients qui pourraient être concernés. En prônant les vertues « miraculeuses » de la TAA, ils ont par exemple déjà bloqué le développement et la reconnaissance de l’HAI (Human-Animal Interactions) regroupant des professionnels de nombreux domaines afin de documenter scientifiquement les effets bénéfices du contact animalier et de permettre une professionnalisation des pratiques avec la mise en avant de lignes directrices. Ceux-ci s’intéressaient principalement à trouver une même terminologie pour désigner les différents soins animaliers existants. Aujourd’hui, ils font partie de l’APA (American Psychology Association, section 17) et publient régulièrement des bulletins sur les connaissances nouvelles sur le soin animalier cependant ils sont peu connus du grand public.
  • Les « professionnels » de la médiation animale qui ne sont pas toujours réellement formés que cela soit sur une formation de base au métier mais également sur le travail avec les patients humains et la gestion d’un partenaire de travail animal. Cela nuit à la pratique et aux « bons » intervenants, mais également à un réel développement de la médiation animale et à sa standardisation. Pour rappel, il n’y a aucune réglementation à faire de la médiation animale en France. Tout le monde peut donc se lancer, mais il ne faut pas négliger qu’on travaille avec du vivant que ça soit avec nos partenaires de travail ou avec les patients, les risques d’une mauvaise pratique sont donc importants. Il faut donc bien se renseigner avant et ne pas hésitez à contacter les intervenants pour voir comment ils travaillent, gèrent le planning de leurs animaux, les différentes pathologies etc.

Et maintenant ?

L’utilisation de la médiation animale, comme nous allons le voir dans un futur article, s’étend de plus en plus à différentes populations et est de plus en plus recommandée pour de multiples pathologies. Il faudrait maintenant que les professionnels parviennent à une reconnaissance de ces métiers et une standardisation de leur pratique afin qu’on puisse valider ses bénéfices de façon empirique.

La recherche dans ce domaine est compliqué car en voulant trop standardiser et en oubliant qu’on travaille avec du vivant on empêche l’effet thérapeutique. De plus, les acteurs de terrain sont souvent négligés dans les recherches et il n’y a donc pas de réelle recherches appliquées dans ce domaine.


À lire !

  • Arenstein, G. H., Lessard, J., & Lucero, L. B. (2009). Zoothérapie: nouvelles avancées. Option Santé.
  • Beiger, François. Aurélie, Jean (2011) Autisme et zoothérapie : communication et apprentissages par la médiation animale. Paris Dunod
  • Budahn, N. M. (2013). Effectiveness of Animal-Assisted Therapy: Therapists’ Perspectives.
  • Jackson, J. (2012). Animal-assisted therapy: The human-animal bond in relation to human health and wellness. Winona State University.
  • Matuszek, S. (2010). Animal‐Facilitated Therapy in Various Patient Populations: Systematic Literature Review. Holistic nursing practice, 24(4), 187-203.
  • Palley, L. S., O’Rourke, P. P., & Niemi, S. M. (2010). Mainstreaming animal-assisted therapy. ILAR journal, 51(3), 199-207.
  • Servais V, Millot J. (2003). Les interactions entre l’homme et les animaux familiers : quelques champs d’investigation et réflexions méthodologiques. In : C. Baudoin (éd.). L’éthologie appliquée aujourd’hui; vol. III: Éthologie Humaine. Paris: ED; pp. 187–198.

Pour plus d’informations :

Delta Society

Pet Partners

Fondation A & P Sommer

Licorne et Phenix

Latham

Résilienfance

Le blog de la médiation animale 

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