Je voulais prendre le temps de faire un article pour présenter ma première interview mais surtout pour préciser certains points.
Petite précision pour commencer : Le but de cette interview était de faire réfléchir les intervenants en médiation animale ainsi que la population générale sur les risques qu’il peut y avoir pour les animaux à « soigner » les humains. Je me suis positionnée de façon « dure » afin de réveiller les gens. En effet, l’objectif de cette pratique étant un bénéfice mutuel, qui existe évidemment lorsqu’elle est bien faîte, il est désolant de voir que certains animaux en souffrent. Evidemment, certains intervenants travaillent très bien en médiation animale et respectent le bien-être de leur partenaire de travail. Le but de mon projet doctoral est de valoriser ces personnes qui font un travail de qualité et cherchent toujours à améliorer leur pratique, et de leur permettre de nous transmettre leurs précieuses connaissances.
Un des premiers points sur lequel je voulais insister est que la médiation animale est en pleine expansion depuis quelques années (ce qui est très positif) mais il ne faut pas oublier que les risques de dérive sont présents. Aussi, sa pratique ne doit pas être prise à la légère et il n’est pas donné à n’importe qui de savoir gérer des séances de médiation animale que ça soit des séances individuelles, de groupe, de la visite, de l’animation ou de la thérapie. C’est pourquoi il est important de se former. Autant pour connaître les pathologies humaines et les objectifs qu’on peut poser avec la médiation animale mais également sur le comportement animal et le travail d’une relation de coopération avec son partenaire de travail.
Je souhaitais vraiment insister sur la subjectivité de l’animal et sur l’importance de ne pas négliger que ce sont des êtres vivants avec une personnalité qui sont sujets dans le soin et non des outils. Quand je parle de l’animal-outil c’est en référence à certains intervenants (souvent non formés) qui animent des séances sans laisser place aux interactions spontanées et qui sont dans le contrôle total de leur animal. Si on travaille avec des animaux, c’est justement pour les laisser intervenir et pour qu’ils nous permettent d’accéder à d’autres niveaux de communication et d’émotions. D’autre part, cette subjectivité est importante : si on considère l’animal comme un sujet qui travaille, il faut donc cadrer son travail afin d’empêcher une fatigue trop importante, un stress inutile etc.
Un des points importants de ma réflexion est que certains animaux ne sont pas fait pour faire de la médiation animale ou certaines de ces filières. On pense souvent qu’ils échouent aux certifications mais c’est parfois juste qu’ils n’apprécient pas cela. Comme tout individu, il y a des choses qu’on aime faire et d’autres pas. C’est à l’intervenant d’être attentif à cela et de proposer à son animal des activités sans contrainte. Evidemment, ce problème n’existait pas il y a quelques années, il apparaît avec l’intérêt qui grandit envers la médiation animale et la volonté de certains de faire de la médiation animale à tout prix en oubliant la personnalité de son animal.
Par ailleurs, même pour les animaux qui aiment ça, il est très important de respecter un rythme de travail léger. Le stress généré par la rencontre avec des inconnus et des environnements inhabituels doit absolument être pris en compte lorsqu’on décide de travailler avec son animal. La plupart des intervenants essaient d’avoir un planning respectant leur animal et intégrant ses besoins et ça c’est une des clefs pour une bonne pratique.
Au niveau des recherches, nous avons un gros vide théorique sur le bien-être de l’animal en médiation ainsi que sur des études qui tentent de voir la médiation animale de son point de vue. C’est pourquoi je me lance dans ce projet doctoral et je tiens absolument à travailler en collaboration avec les intervenants qui connaissent mieux leur animal que les chercheurs.
La réglementation de la pratique me semble indispensable pour cadrer cette filière qui intéresse de plus en plus et compte de plus en plus de professionnels qui, parfois, ne savent pas ce qu’ils font. Maintenant que la filière est développée et qu’on reconnaît ses nombreux bénéfices cela devient indispensable de lui imposer un cadre. Ce cadre permettrait de protéger les patients, les intervenants et les animaux. Et également de valoriser les intervenants qui travaillent bien et de former obligatoirement les novices.
N’hésitez pas à commenter ou m’envoyer un mail si vous avez des questions 🙂