J’ai décidé de faire cet article parce que c’est souvent compliqué d’habituer son animal à un nouvel environnement que ça soit dans l’adoption d’un nouveau loulou ou dans un déménagement. Au final, les 2 cas se ressemblent beaucoup et suivent les mêmes principes.
Je vous préviens directement que dans cet article, je raconte ma vie, la vraie pas celle de chercheur sur le comportement canin et dooooooonc la vie avec des galères et des incompréhensions 🙂
J’en profite d’ailleurs pour updater cet article ! Nous avons déménagé il y a maintenant 1 an de Paris à Lyon pour des raisons personnelles et professionnelles. La question d’emmener Eliott ne s’est même pas posée, pour moi c’est logique de bouger avec son chien sinon on ne bouge pas. Mon but a été que lui aussi profite de ce changement d’environnement et y voit du positif pour son début de vie de papi (eh oui 10 ans maintenant).

⇒ Dans l’adoption d’un chien, il est impératif de lui créer son environnement : un couchage confortable, des jouets et des gamelles. Là, il ne faut pas penser à soi mais à lui : qu’est-ce qui lui fera du bien ? où est-ce qu’il sera le plus à l’aise pour manger ? pour dormir ? Une cage fermée ne lui fera clairement pas du bien, par contre un lit confortable, une cage ouverte avec des couvertures, des jouets type peluches (pour enfant, ils contiennent moins de mousse 😉 ), des kongs, etc. Si vous pouvez lui ramener des affaires de son ancien lieu de vie c’est super, ça lui fera un petit cocon sensoriel !
⇒ Dans un déménagement, il faut absolument transporter tout ça avec soi : son lit qui pue, ses gamelles, ses jouets préférés (avant même de penser aux autres meubles). Ainsi, il emmène ses odeurs et objets fétiches avec lui et se sentira plus sécurisé.
Eliott a une couverture en polaire qui sent le cimetière pour moi mais pour lui c’est sa maison, il a quelques jouets préférés mais du coup il a fallu que j’en laisse aussi à Paris vu qu’on fait beaucoup d’allers-retours. Donc on a fait un tri selon ceux qu’il aime le plus et dont il a besoin pour se sentir bien.

⇒ Quand on adopte un chien, on veut tout de suite, qu’il ait son coin, le coin qu’on lui désigne. Souvent ce coin est dans le salon. MAIS il faut penser au fait qu’il vient de quitter sa famille/ou son refuge/ou son environnement habituel et il a BESOIN que vous soyez un humain proche de lui. Dans un premier temps, mettez son panier dans votre chambre (voir le faire dormir dans votre lit pour les plus téméraires) et petit à petit quand il sera plus à l’aise vous mettrez son coin couchage de plus en plus loin de vous.
⇒ Dans un déménagement parfois, votre chien peut avoir besoin de recommencer ce processus : l’endroit étant nouveau, n’ayant pas les mêmes odeurs etc. N’hésitez donc pas à refaire, sur une ou deux semaines selon les besoins de votre chien, un éloignement progressif.
Nous on fait pareil, Eliott avait son panier dans la chambre les premiers jours et on l’a migré dans le salon. Au début il venait nous rejoindre la nuit mais maintenant nickel il fait toute sa nuit dans le salon et vient juste faire la grasse mat avec nous dans le lit le weekend.
C’est important quand on a un chien d’être patient, il faut aller à son rythme et prendre en compte qu’il a besoin de vous et plus vous serez à l’écoute, plus il sera en confiance avec vous.

⇒ Autant dans la maison que dehors, il faut prendre pas mal de paramètres en compte. Beaucoup de gens se plaignent que leur chiot ne veut pas se promener, n’avance pas en laisse etc., il faut se demander pourquoi : nouvel endroit, nouvelles odeurs, plus ou moins de bruits extérieurs, de nouveaux chiens… Aussi, les promenades doivent toujours être un moment de plaisir, c’est la seule sortie de votre chien, un moment à partager ensemble donc ne soyez pas égoïste 😉 Laissez votre chien explorer cet environnement, rassurez ses peurs, ne le forcer pas à être confronté aux stimuli trop stressants etc. Et profitez-en aussi pour sortir du rythme hyper rapide d’humain : posez-vous, marchez lentement, profitez de l’instant présent avec votre chien.
J’étais hyper enthousiaste d’habiter pas loin du parc de la tête d’Or et donc de pouvoir y emmener Eliott régulièrement MAIS monsieur Eliott a pas trop compris tout de suite le principe, il est content quand il est au parc mais pour y aller il faut le motiver à fond. Du coup, j’ai sorti un outil que j’utilise très peu : les friandises et ça a été un échec. La solution a été le temps tout simplement. Hier j’étais tellement fier de lui, j’ai lâché la laisse et il est allé explorer tout seul son environnement sans me coller tout en s’arrêtant parfois pour m’attendre et ça c’est génial ! (/!/ pour faire ça il faut que votre chien ait un très bon rappel)
Preuve à l’appui :


L’apprentissage de la solitude est une étape non négligeable pour apprendre à votre chien à pouvoir rester seul toute la journée. ça implique plus globalement que votre chien soit un peu moins dépendant de vous. Si cet apprentissage ne se fait pas, vous risquez de vous retrouver avec un chien qui aboie de votre départ à votre retour, qui détruit votre maison à la moindre absence… Bref, un chien qui n’arrive pas à être sans vous et soit il s’ennuie, soit ça le fait stresser.
Pour cet apprentissage, il y a le protocole de Corinne Martin (ci dessous) que je trouve très bien et qui marche chez beaucoup de chiens. Plus généralement, il faut surtout y aller par étapes et respecter le rythme de votre chien pour ne pas le mettre dans une situation de stress trop intense ou finir en impuissance acquise.
Il y a 2 raisons principales qui font qu’un chien dégrade ou aboie ou urine en l’absence de ses maîtres.
Concernant les dégradations, le chien s’ennuie tout simplement et se passe le temps ( il faut savoir que la bêtise n’existe pas pour un chien. Il fait ce qui lui procure un plaisir, un bien être ou l’assouvissement d’un besoin.
La seconde raison, c’est l’anxiété du fait de se retrouver seul.
Un chien trop souvent réprimandé ( sans savoir pourquoi) peut aussi libérer une certaine tension émotionnelle.
Quelle que soit la raison, vous pouvez mettre en place un protocole qui fonctionne dans 80 % des cas.
Travail de fond : mettre le chien en sécurité et en confiance : c’est à dire JAMAIS de réprimande / punition quoi que le chien fasse ( il y a toujours des solutions à mettre en place au cas où).
Ensuite, lorsque vous êtes présent, vous retirez tous les jouets, nourriture etc. Il n’y a que vous et rien d’autre.
Au moment où vous partez, vous lui donnez des kongs remplis de nourritures très appétentes ( parfois congelés si l’absence est longue), des os à mâcher, des boites en cartons à déchiqueter avec un os à moelle dedans) et/ ou éparpiller des croquettes dans toute la pièce ou les croquettes dans un pipolino ou kong wrobbler. Le tout étant d’associer votre absence à du plaisir.
Et lorsque vous rentrez, vous ramassez et vous rangez tout. une fois que vous êtes là, il n’y a que vous. Et bien sur même en cas de loupé (de bêtises) JAMAIS de réprimande. Le but est qu’en votre absence, il ait TOUT et quand vous êtes là, presque rien.
Lorsque vous êtes présent et que le chien vient vous solliciter, parfois vous répondez ( pour maintenir le lien et répondre au besoin de reconnaissance du chien) et parfois vous ne répondez pas, mais juste en ignorant totalement ( pas même un regard) surtout sans le repousser.
Ainsi ce protocole peut aider également les chiens qui auraient une tendance à l’hyper attachement.
Ce protocole fonctionne s’il est respecté à chaque départ ( même pour 5 mn) et à chaque retour.
Et comme le dit Crissy Severine quelque chose d’important : l’effet Pygmalion : si vous n’y croyez pas, ça ne marchera pas. Montrez-vous optimiste, détendu. Votre comportement influe sur celui de son animal, car le chien est une éponge émotionnelle.
Corinne Martin
Pour le coup, c’est quelque chose que j’ai fait plutôt naturellement à Paris et avec le déménagement et tous les stress que ça engendre, il est d’autant plus scotché à moi, d’autant plus stressé quand je pars de l’appartement et exprime cela par un aboiement continu. Dans notre ancien appartement, il avait toujours ce petit stress quand on partait mais il glandait tranquillement après à la maison. La différence c’est qu’on avait une entrée séparée du reste de l’appartement et du coup on ne passait pas la porte d’entrée directement devant ses yeux.
On a donc commencé à mettre plusieurs choses en place dans notre nouvel appartement :
- être moins collés globalement –> bouger son lit dans le salon, fermer la porte de la salle de bain, etc. –> ça ok
- pas de jouets quand on est là –> trop frustrant donc simple réduction des jouets
- le kong d’absence –> il en avait rien à faire
- sorties de plus en plus longues en essayant de rester en dessous d’une durée trop stressante –> pas mal
- émotions neutres au départ et au retour –> encore plus de stress
- avant de partir au panier avec un jouet à mâchouiller –> pas mal aussi !
Comme vous pouvez le voir, j’ai fait des tests, parfois ça marche, parfois non. Et le problème majeur est que ça me stresse beaucoup de savoir qu’il n’est pas bien quand je pars ET que pour moi une bonne éducation c’est quand on garde de la cohérence dans ce qu’on fait. Du coup, pour la première fois j’ai fait appel à une comportementaliste (en positif évidemment).
J’ai donc contacté la Team Cap Dog (dont je vous avez déjà parlé ici) afin de trouver un éducateur, partageant mes valeurs, sur Lyon. J’ai eu la chance de tomber sur la co-fondatrice (Léa Trovero) avec qui on a fait un bilan très rapidement.
Verdict : comme je l’ai déjà évoqué pas mal de fois Eliott est toujours scotché à moi et moi toujours à lui. Elle a pointé du doigt le fait que je répond à TOUTES ses demandes d’interactions (verbal, regard, physique) et que moi-même je recherche souvent ces interactions (en lui parlant pendant que je bouge dans l’appart parfois, en ne lâchant pas du regard etc.). Bref, Eliott est très dépendant de moi et le changement d’appartement a fait un peu ressortir tout ça. Du coup, on a eu pas mal d’exercices à faire :
- ne plus répondre à toutes ses demandes d’interactions : évidemment je dois pas passer ma vie à l’esquiver mais il y a des temps pour lui et des temps pour moi
- acheter pleins de nouveaux jeux sur lesquels il peut se défouler en notre absence
- changer son mode de bouffe dans quelque chose de plus épuisant cognitivement
- etc.
Je vais pas vous donner toutes les astuces qu’elle m’a donné parce que chaque duo humain-chien a ses spécificités de fonctionnement mais globalement il faut qu’on se détache (sans punir les interactions ou les éviter non stop hein!). Vous imaginez comme c’est difficile pour un humain qui passe son temps à communiquer avec son animal, mais si c’est pour son bien je peux prendre sur moi !
6 mois plus tard en faisant le bilan, je vois beaucoup d’évolution. On a eu pas mal de moments où je désespérais un peu et je me disais que maintenant la seule solution était de l’emmener au boulot MAIS les efforts ont payé ! Tout d’abord, pas mal d’efforts et une gestion de mon contrôle et de mon stress afin d’être positive dans la démarche et être un référent social de qualité. Du coup, je fais plus ma vie sans lui et il roupille tranquille à la maison. On a mis en place un rituel simple et cohérent et surtout on a découvert les oreilles de cochon (en tant que végétarienne ça me coûte) qu’il adoooore et l’occupe pendant nos absences. On fait des balades de qualité aussi et on ne le sort jamais juste avant de se barrer car ça le stresse énormément. Donc c’est super ! Et on va bientôt re-déménager donc on espère que ça sera plus simple maintenant qu’on sait comment s’y prendre !!
Pour finir, et comme je le dis toujours : l’humain doit se remettre en question avant de se plaindre du comportement de son animal 😉