Episode 9 – impuissance acquise/apprise

  • « L’impuissance apprise est un état dans lequel rien de ce qu’une personne choisit de faire n’affecte ce qui se passe. C’est la réaction d’abandon ou de renoncement qui suit la conviction que ce qu’une personne fait n’a pas d’importance » (Nuvvula, 2016).
  • L’individu va arrêter de réagir face à un stimulus douloureux = conditionnement à l’acceptation de la douleur.

Etude de Seligman

Les études de Seligman.

En résumé, l’expérience d’un traumatisme incontrôlable comporte généralement trois effets de base : a) les animaux deviennent passifs face à un traumatisme, c’est-à-dire qu’ils sont plus lents à initier des réponses pour atténuer le traumatisme et peuvent ne pas réagir du tout ; (b) les animaux sont plus lents pour apprendre que leurs réponses peuvent contrôler le traumatisme, c’est-à-dire que si l’animal fait une réponse qui produit un  soulagement, il peut avoir les difficultés à faire le lien ; et c) les animaux montrent plus de stress face à un traumatisme qu’ils ne peuvent contrôler qu’avec équivalent à un traumatisme contrôlable.

Application en éducation

P+ et outils coercitifs

  • La douleur appliquée de façon incontrôlable nuit à la capacité réagir face à la douleur, à faire des apprentissages et au bien-être du chien et c’est bien le principe des outils coercitifs
  • Même sans outil coercitif direct, on peut mettre un chien en situation d’impuissance acquise par des comportements inadaptés, violents auxquels le chien n’a que la solution d’accepter.
  • Parce que peu importe ce qu’ils font ça ne peut changer l’évènement douloureux ou stressant auquel ils sont confrontés. Donc souvent, on va voir des chiens dits super obéissants tout simplement parce qu’ils sont résignés et qu’ils répondent à la demande de leurs humains car ils ne voient pas d’issue possible.
  • C’est important qu’un chien soit capable de nous dire que ça c’est non et que nous de notre côté on se calme et on revoit la situation pour que ça ne nuise pas à nos chiens.
  • Mais beaucoup d’humains n’acceptent pas ça, ils en rajoutent une couche jusqu’à ce que le chien cède.
  • Malgré les nombreux signaux d’apaisement, voir menace de morsure, l’humain ne tente pas de le comprendre et ne prend pas en compte ses messages, du coup il va juste abdiquer.
  • Toute contrainte imposée à répétition sans proposer une alternative, c’est juste pousser son chien à ne plus réagir. On n’éduque pas, on n’est pas sur du compromis, on n’est pas sur de l’apprentissage. Un chien doit pouvoir s’exprimer.
  • Apprendre au chien qu’il ne peut nous faire confiance, qu’il ne peut faire confiance à la main de l’homme. Pour moi, c’est le risque de déclencher une agressivité et de construire un chien agressif.

Pour finir, je cite ce passage que j’avais trouvé sur Adcanes qui a apparemment disparu mais qui est particulièrement bien écrit et vous permettra peut-être de mieux comprendre tout ça et qui s’appelle Ave (super) Cesar. Il parle de César Millan un éduc très connu aux US mais qui est clairement un spécialiste de l’impuissance acquise. Dans ce discours vous verrez surement certains de nos éducateurs français bien connus. « Ce que les partisans de Millan ne parviennent pas à comprendre, c’est que ces méthodes ont un taux de réussite significativement plus faible que la désensibilisation systématique et le contre-conditionnement employé par le « Certified Applied Animal Behaviorists » et les éducateurs en méthode positive. La morsure est juste une réponse comportementale appartenant au comportement agonistique, et l’une des principales raisons pour lesquelles des chiens bien socialisés mordent des gens est que nous ne répondons pas à tous leurs signaux agonistes. Si un chien tente de résoudre pacifiquement un conflit avec nous et que nous ignorons sa tentative de demande d’éloignement, il sera obligé de réagir défensivement. Poussé à bout, la plupart des animaux auront recours à l’agression au moment où la fuite ne sera plus une option (par exemple, tenter de forcer une « soumission »). Parfois, la suppression de la possibilité de fuite dans un conflit plongera le chien dans un état d’impuissance acquis et il se renfermera sur lui-même, causant un état de dépression émotionnelle grave et un stress psychologique apparenté au PTSD (Post-Traumatic Stress Disorder) avec des symptômes semblables à ceux des Humains (Seligman, 1972) ; cependant, avec les autres chiens, il supprimera simplement les signaux d’alerte qu’utilisent les chiens pour prévenir une morsure. Il est difficile de prédire quel résultat se produira (qui, dans tous les cas, ne sera jamais bon). Les comportementalistes ont donc appris d’autres façons d’aborder ces comportements, tout en limitant le risque d’aggravation des symptômes, de supprimer les signaux d’avertissement, de créer un traumatisme psychologique, ou d’endommager le lien entre l’Humain et le chien. Le comportement agonistique intra-spécifique est un comportement adaptatif très important destiné à prévenir les blessures chez les animaux sociaux, mais en tant que propriétaire nous voyons fréquemment des signaux destinés à maintenir la paix lors des situations conflictuelles. Ce faisant, nous intensifions naturellement le comportement alors qu’il serait plus facile de le régler avec la désensibilisation systématique et le contre-conditionnement. »

En bref, en éducation il y a une grosse différence entre un chien qui va apprendre et dont les signaux comportementaux vont montrer qu’il comprend et que ça ne lui coûte pas trop et un chien qui va faire le comportement sans comprendre et ayant toutes ses mimiques faciales et son attitude qui indiquent un mal-être. En positif, une fois de plus il y a des limites, un cadre, on n’est pas au pays des Bisounours où tout est autorisé. Mais on prend le temps de poser lentement ce cadre, de laisser le chien s’adapter, il n’est pas pris au piège, on apprend avec lui à définir les limites. Et ça, c’est la garantie d’avoir un chien bien dans ses pattes.

Références

Vidéos :

Vidéo sur la comparaison entre l’apprentissage en collier électrique vs clicker training (sur des humains ne vous inquiétez pas) qui montre très bien ce moment où l’individu ne fait plus rien : https://www.youtube.com/watch?v=yQAayRtXkwE&t=3s

Lectures

https://www.zenovet.com/post/la-d%C3%A9tresse-acquise

Seligman, M. E. (1972). Learned helplessness. Annual review of medicine, 23(1), 407‑412.

Seligman, M. E., Maier, S. F., & Geer, J. (1979). Alleviation of learned helplessness in the dog. In Origins of Madness (p. 401‑409). Elsevier.

http://fidelecanin.over-blog.com/2018/02/l-impuissance-acquise.html

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